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On dirait le sud

11 févr. 2016




Là d'où je viens, le soleil chante à faire crépiter la terre aride, rendant vaine toute promesse de pluie.

Là d'où je viens, la mer n'est jamais loin, elle se fige, étendue immense d'un bleu infini qui apaise le regard et donne des envies de loin.

Là d'où je viens, les hommes ne sourient pas, dit-on. ils rient fort en te servant du vin et te réchauffent le cœur avec le soleil qu'ils ont à l’intérieur.


Là d'où je viens, on a le verbe haut et un accent chantant. On se remplit le gosier d'une boisson anisée qui fait chavirer.
Au travers de cette main qui t'abreuve, tu comprends alors, qu'il n'est nul besoin de sourire pour celui qui sait boire et rire.

Là d'où je viens, le vent qu'on appelle mistral, sévit impitoyablement, balayant thym, romarin et sable chaud sur la côte trop souvent bétonnée, rendant fou et abrutissant tout âme en quête de repos et de sérénité, couvrant d'un soufflement étourdissant le chant des cigales.

Là d'où je viens, les près sont mal fleuris, où paissent les taureaux, allégorie vénérée par ces âmes viriles en quêtes d'animalité.

Là d'où je viens, les Cévennes ne sont jamais loin, ces montagnes qui tutoient l'horizon offrent un refuge d'une fraîcheur ombragée à celui qui veut fuir l'étouffement de cette terre qui l'aime trop. Pourtant, celui qui franchira le seuil de cette forteresse en quête de quelques cèpes et de châtaignes éprouvera un jour ou l'autre le besoin de retourner, là d'où il vient.

Là d'où je viens, c'est l'été même en hivers, les flamands roses sont intemporels et se prélassent, montés sur pilotis, dans les étangs aux couleurs changeantes. La chaleur languissante reste pour toujours emprisonnée dans cette terre calcaire et n'offre pour seul refuge que l'ombre d'un mûrier-platane.

Là d'où je viens pourtant, l'appartenance à cette terre méridionale rend esclave tout âme avide de soleil et rend nostalgique les êtres exilés.

Là d'où je viens, hommes et femmes sont enracinés dans ce sol fiévreux et tourmenté, pour toujours, tels un olivier planté dans la torpeur estivale, les bras déployés pour accueillir ce trop plein de soleil qui fait du bien à l'âme.


26 commentaires :

  1. Superbe texte que tu nous fais partager. Belle plume, vraiment ! :) Ça donne envie de découvrir là d'où tu viens, autant que de te découvrir toi !

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    1. Merci Lilie! ça me touche beaucoup! TU viens quand tu veux découvrir mon pays ;-)

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  2. Moi aussi je suis de là où il y a beaucoup d'oliviers !!! j'en ai même 3 dans le jardin !!! tu es d'où ??

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  3. Purée,j'ai un élan de nostalgie de fou. Vivement début mars pour que je retourne là d'où je viens.
    Remarque,tu n'as pas parlé des inondations,des putains de touristes qui nous prennent toutes les places de parking à côté de la plage,...
    Mais c'est quand cool le sud !!! ��

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    1. Héhé! Les touristes! ça fait partie du charme,si j'ose dire! Merci à toi et gros bisous!

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    2. En effet, elle a oublié de parler des inondations et des touristes ! (saletés)

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  4. Je suis scotchée devant tant de poésie. Bon, mais là où tu vas, c'est comment ? Parce que c'est bien beau de regarder derrière, mais tu as ta vie à construire, je te rappelle !

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    1. Là où je suis, il n'y a ni cigales, ni mistral ;-)
      Mais merci beaucoup pour le compliment, et ne t'inquiète pas, je suis solide comme les Cévennes!

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  5. Whaouuu que c'est bien écrit et que ça donne envie de retourner dans le sud!

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  6. Jolie ode à ton chez toi :) J'aime énormément le Gard et encore plus les Cévennes. Cet endroit est magique.
    Bises :)

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    1. Merci beaucoup ma poulette! Les Cévennes est un endroit magnifique, c'est certain, mais pour moi, ce n'est déjà plus le sud (je suis un peu intégriste ;-)

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    2. Je comprends, je peux être intégriste également...
      C'est un peu comme les banlieusards qui ont l'audace de dire qu'ils sont parisiens^^.

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  7. Je viens de pas très loin de chez toi et, comme toi, j'ai cette terre aride et ensoleillée dans le sang désormais ... J'ai émigré de l'autre côté de cette mer et parfois le calcaire me manque ! En tout cas, c'est très joliment dit :)

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    1. Et oui, je sais d'où tu viens ;-) tu en as de la chance, j'adore la Corse, les calenches de Piana, l'île rousse, Cargèze... :-)

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    2. Avant d'immigrer en Corse, j'ai vécu très longtemps dans le Vaucluse (et j'y ai toujours mes parents) ...
      Oui, j'ai de la chance d'être en Corse. C'est une belle île :-)

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  8. Là d'où tu viens, le soleil s'est déposé sur tes cheveux et le bleu de la mer est dans tes yeux, tu l'emporteras toujours avec toi ma fille. Promis je t'apporterai une cigale...

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  9. Ca chante bien par chez toi, moi je suis de Toulouse. Ca chante aussi, mais y a moins d'oliviers. J'ai répondu au Liebster ;)
    Bises.

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    1. Ah oui effectivement, Toulouse aussi chante ;-) j'irai lire ton billet bisous

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  10. C'est très joli! Moi "là d'où je viens" ne vend pas du rêve... Le béton et le RER... Mais c'est là où je vie que s'encrent mes racines... Ah mes montagnes... Peut être un jour je vous écrirez une ode...

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    1. Ça va certainement t'étonner mais j'aime Paris, sa grisaille et son béton. J'y ai vécu longtemps et ça me manque beaucoup, même le périphérique et ses pots d'échappement, c'est pour te dire '

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  11. Cela me rappelle l'une de mes chansons préférées de Nino Ferrer... On dirait le sud... Très beau texte.
    Bisous

    ps : promesse tenue, j'ai lu ^^

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  12. Je n'avais jamais lu ce texte sublime. J'aime tellement tes mots ! je comprends et partage ton émotion méridionale.

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