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J'ai testé: la mutation dans les Ardennes

5 févr. 2016









Mes crocodiles édentés,

Je vais te parler aujourd'hui de ma toute première rentrée en tant que professeur titulaire.

Tu as vu un peu comme je traite des sujets pluridisciplinaires: mode, éducation, humeurs, un vrai caméléon de la blogosphère, je suis sur tous les plans, complètement flex et détendue de la souris.


Revenons à nos moutons, sangliers.
Sache qu'ils avaient osé me muter dans les Ardennes, les mufles. Oui, tu imagines un peu? Moi, étudiante frivole, batifolant sous le soleil montpelliérain, croquant la vie et les pintes de bières à pleines dents, ils m'ont mutée dans les Ardennes. Et après, ils se plaignent qu'il y ait une crise des vocations! J'te jure...

Juste après avoir réussi mon CAPES,  j'ai été amenée à faire des vœux en vue de ma mutation prochaine. J'avais choisi tout le sud de la France (la blonde), en mettant l'académie de Montpellier en numéro 1 (of course). Puis j'étais progressivement descendue jusqu'à l'académie de Clermont-Ferrand, last choice. J'avais tout de même espoir qu'ils aient pitié de moi pour cette année de stage et qu'ils me laissent dans mon académie d'origine.

Que nenni.

Je te raconte pas ma surprise lorsque j'ai eu connaissance de mon affectation: L'académie de Reims.
Oh-my-God.
Sanglots.Traxene. Bière. Sanglots.Tranxene.

Il a fallu encaisser le coup.

J'ai donc effectué mon année de stage à Épernay, dans un collège ZEP. Je ne t'en parlerai pas car j'ai absolument détesté cette région ainsi que la ville de Reims où je me suis sentie éperdument seule et malheureuse. Du brouillard tous les jours d'octobre à décembre. Je déconne même pas.
Certes, c'est merveilleux de voir la cathédrale les pieds dans la brume du matin au soir, mais bon, si j'avais voulu vivre au pays des Contes de la Crypte, ça se saurait.

Ne me blâmez pas. Je suis sûre qu'il y  a des gens formidables dans la Marne. C'est juste que je ne les ai pas rencontrés c'est tout.

En plus, j'avais à peine 22 ans lorsque j'ai commencé à travailler, j'étais donc jeune et je quittais mes parents pour la première fois (non, le studio à Montpellier ça compte pas)

Après cette année de stage donc, j'ai refait des vœux de mutation pour quitter cette région.
Peine perdue, le syndicat m'annonce la nouvelle au téléphone:

- Félicitations!
Joie.
- Vous avez eu votre vœu numéro 24!
????????
- L'académie de Reims ! Vous devez être contente de rester!
Ils se foutent de moi? (je pense qu'ils se droguent au SNES)
- Vous avez la zone de remplacement de Charleville-Mézières! (une mauvaise nouvelle en cache toujours une autre)
Les salauds! Ils l'ont fait! Ils ont osé me muter au pays de Michel Fourniret! Je finirai pas l'année scolaire vivante, c'est certain! Je vais sûrement disparaître un beau matin, personne ne saura ce qu'il s'est passé. Ils retrouveront ma voiture un de ces jours, et puis, quelques semaines plus tard, mon corps sans vie dans un ravin ou dans la Meuse.


Inutile de te dire que j'étais en larmes au téléphone lorsque j'ai annoncé la nouvelle à mes parents.
- Ne pleure pas ma chérie, on viendra te voir!

Ils ne sont jamais venus. Comment leur en vouloir? (si je leur en veux un peu quand-même)

Je me suis donc résignée à mon triste sort, et finalement, je me suis accommodée de cette situation.

Surprise en entrant pour la première fois à Charleville: J'ai aimé la lumière de cette ville, la couleur ocre des bâtiments, la magnifique place Ducale, réplique de la place des Vosges à Paris. Tiens, on m'aurait menti?

J'ai trouvé un logement, un grand studio chez un propriétaire marocain et sa famille. Adorables. Ils m'ont prise sous leur aile et m'ont chouchoutée pendant un an. Ils m'enlevaient même les araignées dans la salle de bain et j'avais le droit au couscous lorsqu'il y en avait, c'est pour te dire. Des dieux vivants.

Et puis le climat, contrairement à ce que je croyais, était plus clément que dans la Marne: plus froid, certes, mais moins humide, moins de brouillard. J'ai adoré cette région un peu reculée, avec ses forêts magnifiques et leur part de mystère, avec la Belgique juste à côté et ses bières (je ne perds jamais le Nord) (ah ah ah) (mate le jeu de mots)

En revanche, mon premier jour au collège de D.... restera gravé dans ma mémoire à tout jamais.

J'entre dans la salle des profs. Un homme d'une cinquantaine d'année vient à moi. Ni bonjour, ni salut, il me dit d'emblée:
- Si tu croises un sanglier en voiture, surtout arrête-toi. Il y en a toujours trois ou quatre qui suivent..

C'est une autre culture.

Je suis restée ébahie à l'écoute de cette annonce tonitruante. J'avais à peine eu le temps de me remettre de mes émotions que surgit une fille de mon âge à peu près, essoufflée, échevelée, du sang sur les joues:
- Putin, je me suis pris 2 cerfs!

What the fuck?
J'ai raté un truc? Ils carburent à quoi dans ce bahut?

- Oui, je me suis pris 2 cerfs en voiture! Un premier est venu se cogner contre ma caisse, et juste après, un deuxième! Incroyable!

Me voilà rassurée, ça avait l'air tout de même d'étonner un tantinet l'assemblée.

Je te jure.... Les oufs.

Bref, toujours est-il que j'ai adoré ce collège ( rappelle-toi que je suis barrée moi aussi).
C'était un tout petit collège, avec pas mal de profs âgés, mais ils se sont bien occupés de moi, et les seuls profs jeunes qu'il y avait étaient adorables. Je m'en suis fait des amis. Des amis pour la vie (j'ai un coté guimauve tu sais)
Notamment un professeur d'histoire-géo, brillant, sexy, bref, le charisme de Justin Bieber. Il m'a récité la Lorelei en entier lors de notre première rencontre. Je l'ai de suite adopté. (Paul, si tu me lis, je t'aime)

De plus, il se trouve que dans ce collège, il y avait une tradition extrêmement sympathique: c'était l'apéro au champagne le vendredi midi. Ils savent accueillir les Ardennais. Autant te dire que j'étais pas toujours très fraîche lorsque je prenais les 4°C le vendredi à 14h.

Voilà donc comment cette année que je redoutais, s'est finalement passée à merveille. Tu connais le proverbe: Les Ardennes, on y entre en pleurant et on les quitte en pleurant. Bon,ok, ont dit ça aussi de la Creuse, de la Lozère, du Nord etc....
J'ai tout de même demandé ma mutation pour la région parisienne (faut pas déconner non plus), mais je retournée plusieurs fois par la suite dans les Ardennes, emmenant avec moi des copines parisiennes qui ont littéralement halluciné: Je peux marcher dans la rue les bras écartés sans toucher personne! Bon, on me souffle dans l'oreillette que je peux nommer ladite copine: elle s'appelle Claire,  et elle l'a fait: she did it. Elle n'a peur de rien. Elle est revenue avec moi sur les lieux du crime pour un week-end sur les terres de Michel Fourniret (oui tu as vu comme je sais vendre du rêve à mes amis)

 Au fait, tu as vu, on est presque 200 sur Facebook! Waouw! (danse de la joie avec slip sur la tête) J'ai une idée: et si tu m'aidais un peu? (au lieu de glander devant ton ordi) Tu peux partager cet article ou carrément partager la page fans du blog (soyons fous)  pour faire avancer le schmilblick.

Vous êtes nombreux à vous être abonnés à cette page fans, et je vous en remercie du fond du coeur. Je suis également sur Hello Coton.

Mais avant de partir, il faudra bien te couvrir, je continue mon petit tour des blogs que je kiffe. Aujourd'hui, je te parle du blog Normal Woman. J'adore ce blog, Cette nana est complètement déjantée (je crois que j'ai trouvé mon maître), alors si tu veux te marrer un bon coup et tester le dynamisme de ton périnée,cours, vole, va voir son blog!

Voilà, tu sais tout. Pour le moment.

Frau Pruno.






27 commentaires :

  1. Et je ne te remercierai jamais assez de m'avoir fait découvrir cette terre mystique baignée de brouillard H24, bénéficiant d'un taux d'humidité fatal à la moindre tentative de brushing, d'un taux de suicide que je préfère taire, et d'une densité de population qui permet effectivement de ne pas hurler tous les 2 mètres "raaaaa mais avannnnnce connard !" (aux piétons) (oui je fais ça oui). C'était une belle expérience <3 * Claire *

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    1. Hahaha! Tu t'en es pas si mal sortie avec ton brushing! Et nulle autre que toi ne sait aussi bien murmurer à l'oreille des sangliers... :-)

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    2. Claire es-tu venue voir Frau Pruno en Lozère? La densité de population te plairait...

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    3. Pas encore, mais c'est sur ma to-do list de 2016 ! C'est bon je suis au point là, je suis hyper préparée.
      Claire

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    4. N'oublie pas que dans ta todoliste il y a d'abord un petit séjour en Lozère ;-) t'es chaude là je le sens..

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  2. Je me disais aussi Epernay, c'est la patrie du champ'. Tout n'est pas à jeter dans cette région ;)
    Sinon, eh bien laisse moi deviner le prochain billet c'est ton expérience dans le maquis en Corse en train d'apprendre l'allemand aux neveux d'Yvan Colonna. Non je sais pas on dirait que t'as eu 100 vies !

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    1. Oui, tu as raison, j'aurais dû mentionner cet aspect positif des choses! Je n'ai pas vécu 100 vies (quoique j'aurais bien aimé connaître le neveu d'Ivan Colonna), j'ai juste commencé un peu jeune et déménagé pas mal de fois! Mais j'aime te surprendre, petite blogueuse cosmique :-)

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  3. Et là, aux "contes de la crypte", j'ai pleuré de rire. Merci. Franchement. :-*

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  4. On a quelque chose en commun : on a toutes les deux été traînées de force à Charleville-Mézières. Sauf que moi c'était par une copine fan de Rimbaud (non, pas de Michel Fourniret), et que je n'y suis restée qu'une semaine. Au camping. Dans une tente. En septembre. Pour le coup, c'était déjà trop (et puis bon, du coup, on a surtout visité le cimetière).

    Bref, ce billet m'a bien fait rire (comme les précédents, mais je n'ai pas eu le temps de laisser un mot sur les précédents, déménagement tout ça tout ça), en tout cas :D

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    1. Dans une tente au camping de Charleville! T'es allée drôlement loin là.. Oui, je me suis dit qu'il valait mieux parler De Michel Fourniret que d'Arthur Rimbault pour l'aspect culturel ;-)
      Gros bisous et merci de ton passage!

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  5. Pas rigolo ce billet !

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    1. Oui je sais, j'essaye de faire vaguement de l'humour mais ça foire à chaque fois.

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  6. Aaaah mais toi aussi tu as connu le soleil montpelliérain et le brouillard de l'Est! Bienvenue au club!
    J'ai bien rigolé sur les histoires de cerfs et de sangliers parce que ça me parle pas mal depuis que je suis en Alsace...

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    1. Ah bon, toi aussi tu as connu cette expérience mystique! Tu as vu, on en ressort pas indemne ' Merci pour ton passage ici ;-)

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  7. Je ne connais pas Michel Fourniret...c'est mal?

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    1. Alors non bichette, ce n'est pas mal... Mais pour éviter que mon blog ne se transforme en site de propagande pour serials killers, je te laisserai regarder par toi-même qui c'est. Gros bisous ;-)

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  8. La présentation version sanglier ! j'adore :)
    Moi j'ai eu "de la chance" (je mets des guillemets parce que c'était un peu calculé, quand même) : personne ne veut aller s'enterrer dans mon académie d'origine/le trou du luc du monde + discipline déficitaire = BINGO (enfin, de mon point de vue, parce que c'est aussi sangliers, blaireaux et autre faisans à foison) (faisans à foison, c'est drôle ça, non ?) (ok je m'en vais).

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    1. Non, reste! Quelle allitération du tonnerre! Je ne m'en remets pas...
      Merci pour ton gentil message ;-)
      T'habites dans quelle région ma caille?
      Gros bisous

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  9. Pour préserver un semblant d'anonymat, on va dire "en plein milieu". ;)

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  10. "Je peux marcher dans la rue les bras écartés sans toucher personne!" Ha ha ha! J'ai rigolé tout le long, t'es forte, et j'ai encore plus rigolé quand j'ai lu le com' "Pas rigolo ce billet", mouhihihi! Meilleur commentaire 2016 x)
    Sinon t'es quand même une sacrée aventurière dans la vie, moi je t'admire!
    (et merci pour la cass'dédi (yo t'as vu) t'es chouquette ♥)

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    1. Comment ça je suis dans la liste de lecture du lundi? Tu ne peux pas me robotiser de la sorte! J'ai l'impression d'être la maîtresse du lundi, celle qu'on va voir après le boulot avant de rentrer chez soi et de s'occuper des gosses.
      Bon, ok, j'arrête.
      Toi aussi tu as aimé le commentaire anonyme ;-) je me suis dit que pour la diversité culturelle et linguistique de mon blog, il fallait le laisser.
      Bon, vivement que mon congé parental s'arrête..

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  11. Tout de même tes parents auraient pu venir te voir ils ne sont pas très sympas....mais je vois que tu t'en es bien sortie sans eux...bravo petite peste

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  12. Tout de même tes parents auraient pu venir te voir ils ne sont pas très sympas....mais je vois que tu t'en es bien sortie sans eux...bravo petite peste

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    1. Oui, mais il m'a fallu des années de psychanalyse pour me remettre de cette mutation... Et je te parle pas de tout l'argent que j'ai dépensé en shopping pour combler le manque affectif ;-)

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  13. je découvre ton blog que j'apprécie beaucoup et qui me fait beaucoup rire!
    comme quoi, les rémois peuvent avoir de l'humour hé hé!

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    1. Merci Marion! ravie que mon blog te plaise! Mais, non, désolée, les Rémois n'ont définitivement pas d'humour ;-)

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